RENCONTRE - DEBAT

Le cinéma d’animation tunisien : des pionniers à la génération 2.0 Bref aperçu historique (1965-2018)

Maya Ben Ayed

 

« Cinéma d'animation ne signifie pas nécessairement cinéma pour enfants ; cinéma d'animation et bandes dessinées sont deux choses bien distinctes ; les séries télévisées destinées au grand public ne constituent qu'une partie de la production. En pleine civilisation de l'image, le cinéma d'animation reste encore méconnu pour la plupart des spectateurs et des critiques. D'ailleurs, la littérature historicocritique qui lui est consacrée est très pauvre par rapport à la bibliographie cinématographique en général » (G. Bendazzi, 1991)

 

Une Terra Incognita?

En Tunisie, tout comme dans tout le monde arabe, le cinéma d'animation demeure méconnu aussi bien hors frontières nationales que par les siens. De multiples raisons expliquent à la fois le manque d’informations et le désintérêt pour cet objet. D'abord, une production quasi limitée au format court, l'animation souffrirait du même problème de diffusion dont souffre le court métrage en général. Ce dernier a presque disparu des salles de cinéma, sauf dans certaines salles "d'art et d'essai". Ainsi, le film court, en général, et le film d'animation, en particulier, ne rencontrent le large public que lors des festivals de cinéma ou des manifestations culturelles spécifiques ou enfin dans les ciné-clubs. Cet état de la production et de la réception du film d’animation, en Tunisie, est manifestement le lot de cet art dans tout le monde arabe, y compris en Egypte, cas particulier des cinémas arabes et africains. Ensuite, le cinéma d'animation dans le monde arabe comme partout ailleurs, reste l'objet des préjugés cités, pour la plupart, ci-dessus par l’historien Giannalberto Bendazzi. Préjugés qui expliqueraient le peu d’intérêt accordé à cet objet par les critiques et les universitaires et par conséquent, la quasi-absence de documentation critique, discursive et historique. Un désintérêt qui toutefois, n’est pas exclusif à cette aire culturelle mais dont souffre l’animation en général, une expression en marge des études sur le film. Contrairement au cinéma de prise de vue réelle, le film d’animation a été très peu ou pas du tout soutenu par les politiques culturelles postcoloniales, pourtant inspirées dans de nombreux pays de la région, dans les années 1960/1970, du modèle soviétique. En l’absence de structures et de studios (en dehors du cas égyptien), la production durant ces deux décennies, demeure relativement limitée en termes de quantité, et l’œuvre d’une poignée de passionnés. L’absence d’écrits et de discours autour de l’animation dans le monde arabe est aussi accompagnée d’une « non visibilité » de cette pratique. Par « non visibilité », j’entends sa marginalisation, institutionnellement dans ces pays pas seulement à la phase de la production mais aussi celle de la diffusion et de la promotion d’un genre à l’échelle internationale.De ce fait, l’animation arabe se situe à la marge de la marge, comparée à d’autres cinématographies nationales.

 

Le printemps de l’animation

Néanmoins, et depuis quelques années, cette expression devient l’objet de travaux de recherches universitaires. L’attention portée à ce genre est sans doute et en grande partie motivée par l’émergence d’une production en matière d’animation post-révolutions arabes, principalement diffusée sur le web tel que la webanim satirique "Captain Khobza" (2011) dont la critique s’adresse à toute la classe politique. Un humour subversif que nous retrouvons également dans le film "Hoffili" (2012) de Lotfi Mahfoudh caricaturant les symboles du nouveau pouvoir post-révolution. Le film de Nadia Rais "L’Mrayet" (2011), écrit et entamé en 2010 et sorti en (2011), dénonçant le régime dictatorial de Ben Ali a été remarqué dans les festivals et notamment celui emblématique d’Annecy. Nous relevons cette même veine d’un net engagement en usant de la technique de l’image par image dans le cinéma amateur depuis 2012 via des allégories politiques à peine voilées. Le phénomène des printemps arabes a soulevé un intérêt nouveau pour la région en étendant la recherche à toutes les facettes et les produits de ces sociétés en ébullition, notamment les productions culturelles. L’animation du printemps arabe se met au-devant de la scène. Remarquée et primée aux festivals internationaux les plus réputés, l’attention portée à l’art de l’animation s’étend tout autant aux expériences actuelles et pionnières ainsi qu’à l’avenir de cette pratique en Tunisie. Le premier festival tunisien du film d’animation, Tahrik est lancé dans sa première édition en 2014, suivi d’une deuxième en 2016. Les 13èmes rencontres cinématographiques de Hergla d’août 2019 sont entièrement consacrées à cet art en Tunisie, retraçant son histoire et s’interrogeant sur son avenir à travers projections et rencontres avec les différentes générations de réalisateurs et spécialistes. Cet intérêt croissant pour ce cinéma nous l’avons observée durant la décennie 2000, avec notamment l’organisation d'un programme spécial animation, "Regard sur le cinéma d’animation dans le Maghreb ", en marge des J.C.C., en 2006 ou encore des manifestations dédiées exclusivement à l'animation, soutenues et organisées par la Fédération Tunisienne du Ciné-Clubs tel que « la nuit du cinéma d’animation tunisien » en 2009 ou encore les instituts culturels étrangers. Force est de constater que depuis le milieu des années 2000, nous avons assisté à une renaissance d’un genre qui s’est peu à peu à peu éteint depuis les années 1990. En effet, la politique dite du « libéralisme économique » entreprise vers la fin des années 80 a mis fin au protectionnisme d’Etat en matière de production cinématographique, notamment avec la dissolution de la SATPEC en 1992. Le cinéma d’animation est le premier à en souffrir. Bénéficiant peu du soutien du secteur privé, ce genre s’éteint peu à peu. Seuls les auteurs confirmés peuvent prétendre à l’aide à la réalisation du ministère de la culture. La prolifération des nouvelles technologies de l’image (logiciels de traitement et de création, programmes d’animation vectorielle et caméras numériques) ainsi que la démocratisation d’Internet ont permis, en quelque sorte, une renaissance du genre dans les années 2000. Nous constatons l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs et le retour des pionniers, libérés des contraintes financières de production Des séries télévisées ou pour le web, des films d’indépendants pour le cinéma ou Internet, des spots publicitaires. L’animation se répand sur tous les supports et formats. Elle a également investit l’université avec un enseignement des techniques (3D et 2D), principalement axé sur le webdesign ainsi que des cours sporadiques de l’animation au cinéma. Si le Turning point de janvier 2011 a été accompagné d’un nouvel usage de la technique de l’image par image via une production au discours nettement politisé2 s’attaquant sans tabou à l’ancien régime et à la nouvelle classe politique post-révolution, nous pouvons affirmer que le cinéma d’animation depuis sa genèse appartient à une école d’animation politique.

 

Du contexte de genèse

Le contexte de genèse du cinéma d’animation en Tunisie, marqué par le nationalisme postindépendance et les internationalismes des décennies 60 et 70, pourrait expliquer en partie son appartenance à une école d’animation politique et idéologique et sa situation en marge du monde du cinéma3 . En effet, l’intérêt que porte le régime de Bourguiba pour le cinéma, à l’aube de l’indépendance, est motivé principalement par des exigences politiques. La SATPEC, organisme d’Etat de production et de promotion du cinéma créé en 1957, entre en exercice effectif cinq ans plus tard, pour produire les actualités tunisiennes au compte du ministère. Des bourses d’études à l’étranger, tout particulièrement en France et en Europe occidentale ont été octroyées à des jeunes tunisiens afin de se former dans les métiers du cinéma et d’intégrer les actualités filmées. Aussi, le jeune Etat indépendant fait l’objet de « convoitise » par les deux blocs : l’ancien colonisateur et le monde occidental, et l’empire soviétique et ses pays satellites. On assiste, dès lors, à une grande ouverture sur les pays de l’Est via les projets de coopération technique et culturelle. Si les techniciens et réalisateurs de cinéma de prise de vue réelle, ont pour la plupart bénéficié de bourses d’études cinématographiques en France, en Belgique, et dans d’autres pays de l’Europe occidentale, les pionniers du cinéma d’animation, formés à l’étranger, ont suivi, pour la plupart, leur formation dans le bloc de l’Est. Sébastien Denis note à ce propos : « Il faut également noter la proximité entre le bloc de l’Est et d’autres cinématographies encore peu connues de par le monde. En effet, de nombreux cinéastes étrangers se sont formés dans les différents pays de l’ancien empire communiste, notamment des pays proches de l’idéal révolutionnaire soviétique, avec lesquels des partenariats techniques existaient ».4 En effet et en dépit des topographies distinctes des cinémas arabes, ces derniers sont fortement sous influence de l’idéologie et des esthétiques du bloc de l’Est, sur la décennie 1960. Le cas très particulier de l’Egypte ne déroge pas à la règle. Mohamed Ghazela dans son article sur l’histoire de l’animation égyptienne observe l’influence de l’école de Zagreb sur la production des années 19605 . En ce qui concerne le cas tunisien, l’analyse de la production filmique tunisienne en matière d’animation de 1965 à 1995 (une trentaine de film), ainsi que l’étude du corpus d’entretiens avec les cinéastes des différentes générations (des pionniers des années 60/70 à la génération des années 2000)6 , nous a permis de dégager un discours ou une charge contestataires7 dans ces films. Ce discours se construit sur la subversion d’un autre, celui du pouvoir. Les cinéastes ont eu recours à des récits allégoriques pour dénoncer l’autoritarisme des deux régimes. Le message de contestation passe par des analogies de substitutions, la déconstruction du storytelling du régime et la mise-en scène subversive de l’imagerie du pouvoir. Il est rendu lisible et visible par les choix narratifs, formels, et filmiques. Le caractère synthétique du cinéma d’animation et l’esthétique qui lui est propre permettent toutes les digressions. Les préjugés qui l’ont jusque-là défini (cinéma pour enfant, de distraction, etc.) lui donnant un aspect « inoffensif », s’avèrent utiles face aux ciseaux de la censure, même s’il n’en a pas été totalement épargné. Ce mouvement de création dissidente monte en crescendo avec le dessin animé d’Alaeddine Boutaleb Coma, réalisé par en 2010. Dans ce film, on passe de la satire politique et du constat contestataire des dérives du pouvoir à l’incitation au soulèvement.

 

Survol historique : des pionniers à nos jours

La genèse de ce cinéma remonte aux années 1960. Victor Bachy situe les premiers essais en animation par le dessinateur et professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis, Amor Ben Mahmoud, au début de la décennie. Toutefois, c'est l'année 1965 qui marque la naissance du cinéma d'animation en Tunisie. En effet et en 1965, Feu Mongi Sancho, jeune cinéaste amateur, à l'époque, initiateur et pionnier de cet art en Tunisie, réalise son premier film d'objets animés "La rentrée de classe" dans le cadre de l'association des jeunes cinéastes tunisiens (A.J.C.T.). Faut-il préciser L'AJCT, devenue la fédération tunisienne des cinéastes amateurs (F.T.C.A), constitue une véritable pépinière de jeunes talents. En 1967, feu Habib Masrouki, cinéaste amateur à l’époque (Club de Kairouan) réalise "Il était une fois notre monde", une animation en objets animés. Projeté au 4éme festival de Kélibia, il obtint la médaille de bronze. Le premier dessin animé tunisien, nous le devons également à Mongi Sancho avec son film "Le chien intelligent" réalisé en 1966 et produit par l’AJCT. Ses premiers essais en animation (dessin, poupée et objets) primés au Festival amateur de Kélibia et de Kairouan et remarqué par la presse tunisienne, Mongi Sancho décroche une bourse d'étude et part en Bulgarie poursuivre sa formation sous la direction de Todor Dinov. En 1967, il réalise à Sofia le premier film d'animation professionnel tunisien en dessin animé, "Le marchand de fez", primé au festival international de Mamaia en 1968. A son retour en Tunisie, après son expérience bulgare, il dépose auprès de la SATPEC un dossier complet pour monter une unité de production spécialisée en animation; une initiative qui n'obtint pas de réponse9 . Il faut attendre la décennie soixante-dix pour qu'émergent d'autres passionnés de ce cinéma en Tunisie, de Naceur Khémir à Zouhair Mahjoub en passant par Ahmed Bennys. Nacer Khémir, conteur et plasticien, démarre sa carrière cinématographique par le film d'animation, début des années 1970 à Paris (de 1970 à 1972), en fréquentant l'atelier d'Otero, y rencontrant Kamler et d'autres noms de l'animation mondiale. Son film "Le mulet" (1972) a été sélectionné dans la section hors compétition Annecy 1973. Zouhair Mahjoub, après avoir poursuivi des études de cinéma au CICF, rentre en Tunisie et intègre la Télévision tunisienne en qualité d'assistant réalisateur. Avec deux autres mordus de cet art, Mohamed Abdennadher et Boukree, ils essayent de créer une structure d'animation à la Télévision tunisienne; projet qui ne suscite aucun intérêt auprès des responsables à l'époque10. Décrochant une bourse d'étude en animation à AnimaFilm, à Bucarest, Zouhair Zouhair Mahjoub quitte la télévision et part en Roumanie où il réalise son premier essai d'animation, Hajji dans sa mille et deuxième nuit. En 1975, il réalise, en Tunisie, son premier film en dessin animé, Les deux souris blanche", récompensé par le Tanit de bronze aux JCC en 1976. Ahmed Bennys, cameraman aux Actualités puis à la Télévision tunisiennes, et chef opérateur de métier, s'associe avec Mohammed Abdennadher, qui assure l'animation de génériques et de séquences animés dans les documentaires à la R.T.T., pour réaliser Mohamedia un film en technique mixte (papier découpé et prise de vue réelle) qui sera aussi primé du Tanit de bronze aux JCC 1974. Dans les années quatre-vingt, d'autres auteurs viennent à l'animation. De la génération des années 60/70, seuls Sancho et Mahjoub, poussés par la passion pour cet art, s'accrochent tenacement. Ils se spécialisent dans l'animation et en font un métier, en dépit des difficultés et de la marginalisation de cet art par les structures officielles. Nacer Khémir se convertit au cinéma de prises de vue réelles, Ahmed Bennys et Habib Masrouki ne poursuivent pas l'expérience de l'animation. Le premier quitte la télévision tunisienne et se consacre à son métier de la direction de la photo, et le deuxième élargit son intérêt au cinéma en général avant de se consumer dans le théâtre11. Dans les années quatre-vingt, un jeune cinéaste amateur, Mustapha Taieb (club de Tunis), un dessinateur autodidacte et doué de surcroit, intègre le projet de film de Salah Khélifi, "L'enfant et l'avion", un film en dessin animé, sorti en 1983. Il multiplia l'expérience de l'animation dans le film "Jahjouh1" et "La cigale", dessins animés réalisés respectivement par Samir Besbes en 1985, et par Ezzedine Harbaoui en 1986. Il se lance à partir de 1987 et jusqu'à 1994, dans la réalisation de ses propres films d'animation en dessin animé. Samir Besbes étudie le cinéma à l'école Louis Lumière à Paris où il réalise son film de fin d'étude en animation en 1978, "Joha et les fantômes de la nuit". A son retour en Tunisie, il imagine une suite aux aventures de Joha à travers une série de dessins animés (deux opus) où il met en scène Jahjouh filleul de son Joha et les fantômes. Ezzedine Harbaoui, réalisateur à la télévision, tente deux essais en dessin animé, "La cigale" avec Mustapha Taieb et "Il était une fois notre monde", avec des jeunes dessinateurs de l'école des Beaux-Arts de Tunis, en 1989. Au début de la décennie 1980, Zouhair Mahjoub part en Tchécoslovaquie afin de se perfectionner dans l'animation de poupées. Il réalise "Le petit hibou", et en 1985, en Tunisie, son film "Guerbaji" en poupée animée qui participe à la sélection officielle d'Annecy (hors compétition), la même année. Dans les années 1990, on retrouve les « résistants » et une production variée, dessins animés et poupées animées. Sancho finalise la version en couleur du dessin animé "Pain" (1994). Besbes réalise son premier film en poupées animés "les ficelles" (1995). Taieb travaille sur deux films en dessin animé "le déluge " et "la chaussure" (1994). Enfin, Mahjoub qui en plus de films au format court entame une expérience du long métrage en se faisant aidé par les nouvelles technologies et une équipe de jeunes dessinateurs. Faute de temps et de financement, le projet n'aboutit qu'à un format de moyen métrage en dessin animé "Le sousmarin de Carthage" (1999). Un projet auquel prend part Nadia Rais, à l’époque jeune ressortissante de l'école des Beaux-Arts de Tunis.

Au début des années 2000, Euromediatoon, un projet visant à installer une structure de production de dessin animé dans un pays du sud a démarré à Tunis, dans les locaux de la société de production de Feu Ahmed Bahadin Attia, Cinétéléfilm. Ce projet est financé par Euromed Audiovisuel et avait pour objectifs, outre de créer une industrie du film d’animation en méditerranée, de former des jeunes ressortissants des écoles d’arts, aux métiers de l’animation. Des jeunes tunisiens et algériens ont participé à ce projet de série de dessin animé "Viva Cartago", en suivant les différentes formations, à Tunis. A notre connaissance, le projet n’a pu atteindre tous ses objectifs, à savoir, les 26 épisodes de 26 mn. Néanmoins, on a pu produire 13 épisodes de 26 mn, en 2003 et en 2006, qui ont été projetés au cinéma au format long métrage (Cartago 1&2). Dans le même temps, et comme nous l’avons évoqué précédemment, une nouvelle génération, issus des écoles d’art et familiarisée avec les nouvelles technologies d’images, émerge durant la décennie 2000. Boubaker Boukhari diplômé de l'école des Beaux-Arts d'Alger ainsi qu’un groupe de jeunes animateurs qui ont participé au projet "Viva Cartago" créent leur société de production 5D et réalisent sous la direction de Boukhari, le dessin animé, "Dedi wa Doudi", en 2006. Boukhari réalise d’autres films (clips musicaux) en animation plus tard. Lotfi Mahfoudh qui a poursuivi des études à l'école des Beaux-Arts de Tunis avant de se spécialiser en animation à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), a réalisé son premier court métrage d'animation "La noce du loup" en 2001. Il participe, en 2002, à l'animation du film "Fish never sleep", récompensé du British Award. En 2004, il crée sa boite de production et réalise son film "Ryeh" en 2008 et "Hoffili" en technique mixte (2D et images de synthèse) en 2012 sélectionné et primé dans nombreux festivals, Bruxelles, Zagreb, Pérou. Nadia Rais, diplômée de l'école des Beaux-Arts de Tunis, après une première expérience sur le film "Le sous-marin de Carthage" de Mahjoub, en 1999, réalise en 2009 "Lambouba", primé au festival de Meknès 2010, et en 2011,"L'mrayet", en technique mixte dessins animés et rotoscopie " sélection officielle au festival d'Annecy 2012 et plusieurs prix dans des festivals à Rome, Mexico, Egypte, suivi d’autres courts-métrages. Actuellement, elle a entamé le projet du premier long métrage d’animation tunisien. Alaedine Boutaleb, plasticien et bédéiste, passionné d'animation depuis son jeune âge, réalise en 2010 son premier dessin animé "coma", sélectionné au J.C.C 2010 (section panorama) remarqué en Suède, Colonge, Clermont Ferrand etc, précédé par des essais en dessin animé dont "Mazamir" en 2005. Il suit une formation universitaire en Design Audiovisuel et continue à réaliser des films. Du côté de l'animation expérimentale, Maya Ben Ayed, diplômée de l'école des Beaux-Arts de Tunis réalise deux premiers essais en animation "In and on" en 2001, présélectionné au festival du court métrage d'Oberhausen et "Kashf" en 2003 primés au festival amateur de Kélibia et remarqués à Talinn et Prague. Rafik Omrani, cinéphile et cinéaste amateur, réalise en 2008, son premier film d'animation "Kharmouj" qui fait le tour des festivals, suivi d'"Amour névrosé" la même année et de "La poule de Sabaa" en 2010. En 2007, "L'enfant roi" (théâtre d'ombre et ombres animées) un film d'animation hybride est réalisé par l’acteur Mohamed Grayaa. Aussi, la décennie 2000 connaît le retour des pionniers, avec "Ruse par ruse" de Mongi Sancho en 2006 sélectionné et remarqué dans plusieurs festivals, Samir besbes avec son film de marionnettes "Jahjouh et la sirène" en 2008, Zouhair Mahjoub "la goutte miraculeuse" en 2009 et enfin Mustapha Taieb avec le film les "châteaux de sable" en 2010. Aussi, après la révolution du 14 janvier 2014, l'animation a connu un grand essor notamment parmi le cinéma amateur et le film d’école. Nous citons à titre d'exemple les films primés à Kelibia 2012, "Murs de Banlieue" de Farès Ben Khélifa (F.T.C.A. Hammam-lif), "Evolution" de Youssef Bouafif (F.T.C.A., Kélibia), "Kech Ma matech" de Malek Ferjani et Nadhir Bouslama (F.T.C.A, Hammamet) ou encore le film en technique mixte "Le fils de pauvreté" de Nidhal Ben Hassine (F.T.C.A., Kélibia).

 

Conclusion

Cet aperçu historique n'est certes pas exhaustif. Des auteurs de séries d'animation, pour la télévision, ainsi que des films d'animation de sensibilisation, publicitaire, clips vidéos ou encore des films d'école n'y figurent pas, aussi bien que la filmographie complète des auteurs cités. Nombre de ces films ont fait le tour des festivals nationaux et internationaux, remarqués, primés et aussi projeté dans d'autres manifestations. La filmographie que nous joignons à ce texte demeure également incomplète tout particulièrement en ce qui concerne la décennie en cours.

 

Filmographie

1965

La rentrée des classes (CM en couleur 16MM), réalisé par Mongi Sancho et produit par l’AJCT

Caprices de poupons (CM, 16MM), réalisé par Anouar Belkadi et produit par l’AJCT

1966

Le chien intelligent (CM en couleur 16MM), réalisé par Mongi Sancho et produit par l’AJCT

1967

Notre monde (CM en 16MM), réalisé par Habib Masrouki et produit par l’AJCT

Le marchand de fez (CM en couleur 35MM), réalisé par Mongi Sancho et produit par le Studio des longs métrages de Sofia (Bulgarie)

1971

Hajji dans sa 1002eme nuit (CM, en couleur 35MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par les Studios Animafilm (Roumanie)

1972

Le mulet (CM en couleur 16MM), réalisé par Naceur Khemir

Le pain (CM N/B 16MM), 1ère version réalisée par Mongi Sancho du film dans sa 2ème version en couleur 35MM réalisé en 1994 et produit par Sancho Production

1973

Mohammedia (CM en N&B 35MM), réalisé par Ahmed Bennys et produit par la SATPEC

1974

Petite histoire d'œufs, (CM) réalisé par Med Charbagi

1976

Les deux souris blanches (CM en couleur 16/35MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et coproduit par la SATPEC et Aflam Ifriquia

1982

Le petit hibou (CM en couleur 16MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par la FAMU (Ex-Tchécoslovaquie)

L’enfant et l’avion (CM en couleur 35MM), réalisé par Salah Khlifi et produit par la SATPEC

1984

Guerbaji (CM en couleur 16/35MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et co-produit par Aza production et Carthago Film

1985

Les aventures de jahjouh (CM en couleur 35MM), réalisé par Samir Besbes et produit par la SATPEC

1986

La cigale (CM en couleur 35MM), réalisé par Ezzedine Harbaoui et produit par la SATPEC

1987

Secourez-la, elle est en danger (CM en couleur 35MM), réalsé par Mustapha Taïeb

1989

Il était une fois (CM en couleur 35MM), réalisé par Ezzedine Harbaoui et produit par la SATPEC

1990

Jahjouh2 (CM en couleur 35MM), réalisé par Samir Besbes et produit par la SATPEC

1992

Un bougre de bœuf dans un boui boui (CM en couleur 35MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par Aza production (Collaboration de la SATPEC) 

Le déluge (CM en couleur 35MM), réalisé par Mustapha Taïeb et produit par Ulysson (Avec la collaboration du ministère de la culture, Tunisie, travaux de laboratoires, de montage, de banc titre à Gammarth, Tunis)

Fleur de pierre, réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par Aza production

1994

Les chaussures (CM en couleur 35MM), réalisé par Mustapha Taïeb et produit par CTV

1995

Les ficelles (CM en couleur 35MM), réalisé par Samir Besbes, produit par ANIMA production avec la participation de l'ERTT

2000

Le sous-marin de carthage (CM en couleur 35MM), réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par AZA production Projet du premier long métrage tunisien en dessins animés

2001

La noce du loup (CM en couleur), réalisé par Lotfi Mahfoudh et produit par l’ENSAD In and on (CM en couleur), réalisé par Maya Ben Ayed et produit par l’ISBAT

2003

Viva Carthago 1, (LM en couleur), réalisé par Abdel Belhadi Kashf (CM en couleur), réalisé par Maya Ben Ayed

2005

Mazamir (CM en couleur), réalisé par Alaeddine Aboutaleb Kalila wa dimna (CM en couleur), réalisé par yossri Bouassida

2006

Ruse par ruse (CM en couleur), réalisé par Mongi Sancho et produit par Sancho production

Viva Carthago 2 (LM en couleur), réalisé par Abdel Belhadi Dedi et Doudi (CM en couleur), réalisé par Boubaker Al Boukhari, produit par 5D production 2007

L’enfant roi (CM en couleur), réalisé par Mohamed Grayaa

2008

Jahjouh et la sirène (CM en couleur), réalisé par Samir Besbes Kharmouj (CM en couleur), réalisé par Rafik Omrani

Amour névrosé (CM en couleur), réalisé par Rafik Omrani

 2009

Lambouba (CM en couleur), réalisé par Nadia Rais et produit par Propaganda production

La goutte miraculeuse, réalisé par Zouhair Mahjoub et produit par Aza production

2010

Coma (CM en couleur 35MM), réalisé par Alaeddine Aboutaleb et produit par Exit production

Chateaux de sable (CM en couleur), réalisé par Mustapha Taïeb

La poule de Saba (CM en couleur), réalisé par Rafik Omrani

2012

L’mrayet (CM en couleur), réalisé par Nadia Rais et produit par Propaganda production

Hoffili/ noces berberes (CM en couleur, Béta numérique), réalisé par Lotfi Mahfoudh et produir par Mille et une images

2014

Visa de survie (CM en couleur), réalisé par Nadia Rais et produit par Propaganda production

2015

Diaspora (CM en couleur), réalisé parAlaedine Aboutaleb et produit par Key production films

2018

Briska (CM en couleur), réalisé par Nadia Rais et produit par Propaganda

Fade (CM en couleur), réalisé parAlaedine Aboutaleb et co-produit par Key production films et Inside Production